Réapprendre à prendre le temps de la réflexion, de la réflexivité, c’est-à-dire réapprendre le mouvement d’aller et de retour sur ma propre pensée : c’est bâtir et habiter mon projet, ma recherche, mon chemin, Transformer les visions-couloir en visions-panoptique (conscience circulaire).
Un pas en avant
Il était une fois, une jolie princesse qui s’ennuyait et qui décida de faire le tour du monde. Après un long moment en vadrouille, elle jeta son ancre en Bretagne avec sa petite tribu. Alors nous commençâmes à faire des allées et retours entre Grenoble et son château. Nous nous prîmes au jeu et petit à petit la région de Bretagne nous attira de plus en plus. Nous décidions de jeter une simple bouée dans la région, et nous achetions un Mobile-Home. Oui pourquoi pas ?
Et c’est ainsi que chaque année nous allions en Bretagne. Ce n’est plus un mois, mais plusieurs mois au printemps que nous séjournions pas loin de Pont-Aven. La crise sanitaire toqua à notre porte et nous obligea à être confinés dans le coin. Je pense que c’est à ce moment-là que germa l’idée de s’installer dans la région. Oui, mais pas n’importe comment. En agrandissant le Mobile-Home tout autour pour en faire une petite maison d’une surface de 80 m2. Je pris crayon, gomme, règle et je me mis à dessiner des plans. Après plusieurs versions vint le moment des devis. Et c’est là que notre idée nous explosa à la figure. Les prix devinrent astronomiques. Nous pensions, à tort bien sûr, qu’avec peu de moyens nous arriverions à concrétiser nos idées. Que nenni, cette solution n’était pas viable, car trop onéreuse et peu fiable dans le temps.
La déception nous gagna.
À force de ruminer dans notre tête, nous eûmes l’idée d’acheter une maison. Aussi vite que cette idée nous apparût, aussi vite nous nous lançâmes à chercher une demeure. Oui, mais pas n’importe quelle maison. Chacun de nous se mit à réfléchir à ce qu’il voulait et entre nos envies et la réalité et bien comment dire, il y eut un fossé. C’est alors que l’évidence nous frappa. Si l’on faisait construire ?
Le projet
Nous repartîmes à chercher des terrains, mais pour construire, pas pour implanter un Mobile-Home. C’est du côté du centre de la Bretagne que nous jetâmes un oeil. J’étais très sceptique sur les prix des terrains et c’est là qu’Isabelle me dit en riant (elle s’entend quand elle rit !) « Tu verras, je vais te trouver le terrain moi » et elle eut raison! Elle nous trouva un terrain de 3000 m2 sur la commune de Langonnet. Pourquoi là ? Tout simplement parce que les terrains « front de mer » sont inaccessibles. Et puis le centre de la Bretagne a son charme, sa poésie avec ses histoires et ses légendes arthuriennes. Et oui, qui ne connait pas la forêt de Brocéliande, le roi Arthur, les méchants et bien sûr les gentils. Bref, cela coula de source pour nous. Nous qui ne voulions ni la campagne, ni un petit village (1783 habitants), ni l’éloignement de tout, nous étions servis.
Je me mis à dessiner des maisons, plein de maisons. Que de plans, nous avons pu faire (en L, en carré, en U, en rond, en forme bizarre, si si en forme bizarre. La seule contrainte impérative c’était qu’elle devait être en ossature bois. Après un certain nombre de plans, il a fallu trancher et trouver un constructeur. Nous pensions que cela serait facile et que tous voudraient construire notre maison. Et bien non, cela ne court pas les rues. D’autant plus que nous avions des idées bien arrêtées.
Rappellez-vous, c’était la crise sanitaire et nous étions en confinement. D’accord, notre confinement était plutôt allégé. Nous étions dans notre Mobile-home, dans un camping de trente hectares presque vide (20 familles tout au plus), il y a pire non ? Je m’éloigne désolé, donc je disais que nous étions en confinement et qu’il fallait trouver un constructeur. Tout s’est passé par téléphone. Vraiment, nous avons acheté une maison sur les plans que nous avions dessinés sans même voir le constructeur. Même les signatures se sont faites par courriel !!! La première fois que nous avons vu le responsable, c’était le jour de notre premier rendez-vous pour connaitre le déroulé des opérations. Je pense qu’il faut avoir un grain quand même pour s’engager de cette façon-là. Mais c’est avec le recul que je dis cela.